Rampe à polistes : le suivi !

Bonjour à tous,
Ici débute le suivi 2013 des fondations de Polistes qui seront hébergées dans la rampe (voir sujet protection nichoir à polistes).

Pour les questions sur ce suivi, un sujet unique est ouvert ici : Questions suivi rampe à polistes



Le nichoir a été installé dans une zone ensoleillée dans laquelle je n'ai jamais rencontré de polistes. Le but est de voir s'il sera possible d'installer une population durablement dans cette zone. Il aurait peut-être été plus simple pour cette première année d'utilisation de la rampe de la mettre dans une zone facilement accessible au polistes mais le défi sera différent ! L'année dernière j'ai rencontré dans les suivis de nombreux nids ayant été détruits. L'idée est ici de déplacer des nids gênant vers la rampe où les conditions de développement devraient être favorables afin d'éviter leur destruction. Tous les nids qui se développeront ici auraient été voués à la destruction.

Aucune installation spontanée de fondation ce qui n'est pas surprenant vu ce qui a été dit précédemment. Nous commencerons donc par le déplacement de 2 fondations de Polistes dominula. Par expérience, je sais qu'il vaut mieux attendre la naissance des premières larves pour déplacer une fondation avec succès (sans abandon de la fondatrice). Mais ce suivi permettra peut-être de déterminer la période la plus propice à ce déplacement précoce. Le 30/04/13, je déplace donc 2 premières fondations : 10-15 cellules chacune accueillant un œuf (pas encore de larve) et la fondatrice. L'une est située dans une boite de conserve et représente un danger potentiel, l'autre se trouve à l'entrée d'une école. Pour ces premiers déplacements, je choisi une journée pluvieuse et fraiche (fin de journée, 14°C) afin de trouver les fondatrices sur leur nid et de ne pas trop les stresser. Un grand pot à prélèvement, une lame de scalpel et le tour est joué ! Les fondations sont en route...





Un petit tour en voiture et nous voici près de la rampe. Le pilier principale de la fondation a été coupé au plus près du support, il est coincé dans la pince prévue à cet effet. La fondatrice est immédiatement placée sur sa fondation retrouvée. Au départ je me demandais s'il valait mieux boucher l'entrée de la "case" pendant 24h mais le jour déclinant et les températures étant trop basses pour permettre aux fondatrices de voler, je laisse l'entrée accessible. Les cases occupées sont la n°7 (miss portail scolaire) et la n°8 (miss conserve).

N°7 :



Fondation n°8 avec les œufs apparents :





Trois jours après petit contrôle de routine, seule une journée avec éclaircies s'est présentée. La n°7 n'est pas sur sa fondation en fin de journée (20h, mauvais signe...) La n°8 est en place et inspecte sans relâche le fond de ses cellules : drôle de manège mais impossible de savoir si elle a tenté une sortie ou non. Le principal risque ici est que la fondatrice doit trouver la sortie de sa "case" puis elle doit visualiser l'entrée de son nouveau site de nidification et pouvoir le retrouver après sa première sortie.

Je reviens donc aujourd'hui soit 6 jours après implantation et avec de belles journées ensoleillées depuis. A mon arrivée je vois n°8 entrer dans sa case : ouf... Je la découvre mastiquant une chenille qu'elle a capturée. Surprise ! Les cellules ont été surélevées (différence de couleur du papier prélevé sur une source plus claire dans ce nouvel environnement, voir photo), de belles larves occupent les cellules, des réserves de nectar se trouvent dans certaines cellules, elle n'a pas chomé et tout semble bien se passer ! La n°7 n'est toujours pas sur sa fondation, l'abandon semble fort probable (colonie trop petite ?)





D'autres fondations suivront car on me signale déjà des nids embarrassants. De belles observations s'annoncent pour 2013 !

Et ça se développe vite chez n°8 (photo avec flash à travers le verre synthétique) :



L'évolution est similaire à celle de 2012 à la même période (Lien suivi 2012) mais ce couvain semble mieux développé que toutes les autres colonies que je visite cette année...

Quelques nouvelles de n°8 qui s'accroche... Mais elle a du recourir au cannibalisme et dévorer quelques larves pour nourrir les plus développées ([alvéoles vides] les polistes font régulièrement cela lorsque les conditions météo ne leur permettent pas de sortir pour chasser durant une longue période, également observé dans le suivi de l'an dernier)



Le 01/05/2013, une colonie avec 2 fondatrices a été déplacée dans l'emplacement n°5 (initialement installée dans une serre de plantation ouverte fréquemment), aujourd'hui les 2 fondatrices sont toujours en place et les larves se développent :

Enfin de la nymphose. Pour comparaison avec le suivi 2012, l'année dernière les premiers cocons étaient observés le 20 mai et la première éclosion le 28 mai soit près de 3 semaines de retard liées aux conditions météo pour cette année !

Nid n°8 :


Nid n°5 :
La fondatrice dominante reste sur la fondation pendant que la dominée chasse, s'occupe du couvain et de nourrir la dominante.

Enfin un peu de chaleur et une grande activité chez Polistes avec les éclosions des premières ouvrières. Au nid n°8 la famille s'est bien agrandie et compte désormais 7 individus. Encore une fois c'est l'occasion de constater la variabilité du motif du clypeus chez P. dominula, la fondatrice est bien marquée et chaque ouvrière possède aussi un motif mais tous sont différents et un peu moins marquée que celui de leur mère ! Les jeunes ouvrières ont encore un peu de mal à trouver la sortie mais pour 2 d'entre elles ça n'est plus un problème, apport d'eau, de chenilles, la croissance de la colonie devrait nettement s'accélérer. Toutes les cellules libérées accueillent déjà un nouvel œuf et la fondatrice reste sur le nid. Note importante à propos de la rampe pour les années futures : mieux vaut prévoir différentes couleurs pour chaque emplacement à l'avenir, il arrive que les ouvrières entrent dans l'emplacement d’à coté (heureusement elle n'est pas occupée, je l'ai bouchée pour éviter tous soucis) mais il semble que les emplacement ne soient pas assez différenciés (j'ai rajouté des scotch de couleur sur chaque emplacement habité pour favoriser la distinction). ça devrait se calmer dès que les petites auront pris leurs repères !



Malaxage d'une chenille :


Cafouillage en sortie :


Nid n°5 :
3 ouvrières ont éclos mais à la vue du nombre de cocons, cette colonie devrait se développer plus vite que la précédente dans les prochains jours. La 2ème fondatrices à disparu depuis près de 3semaines mais l'avantage de la polygynie reste évident pour le développement d'une colonie. Les éclosions sont plus récentes car les ouvrières ne semblent pas encore sortir. Fondatrice en bas à gauche sur la photo, la différence de taille est faible !

Retour de vacances, je m'empresse d'aller voir l'évolution !
A mon arrivée, un mâle prend le soleil devant l'entrée du nid n°8  (est-il de ce nid ou d'ailleurs ? impossible de le savoir à moins de revenir à la tombée du jour quand tout le monde sera de retour au nid)



A 16h00 les nids sont en pleine activité et un ballet d'ouvrières revenant au nid avec des proies est visible au point qu'à certains moment, chacune des ouvrières sur le nid triture une proie entre ses mandibules. L'activité est maximale pour élever les larves de cette seconde génération et la première génération périphérique du rayon.

Nid n°8 : (environ 8cm de diamètre)





Double échange de nourriture :


Nid n°5 : (environ 8cm de diamètre)



Sur cette image presque toutes les ouvrières ont une boulette de protéines entre les mandibules (voir vidéo)




Je profite de ce bel après-midi pour tenter une petite expérience que je voulais réaliser depuis longtemps. Mesure de température/hygrométrie ambiante et dans la rampe. La différence est édifiante : 8°C d'écart; 36°C et une hygrométrie légèrement plus élevée (apport d'eau par les guêpes) dans la case du nid n°5 ce qui montre bien que les polistes peuvent facilement vivre à 40°C : ici la journée n'est pas la plus chaude de la semaine et le relevé à été fait en fin d'après-midi ce qui laisse supposer que la température peut encore augmenter...

Aujourd'hui, petit contrôle de routine (heureusement...) Un petit coup d’œil au nid n°8 et quelle surprise, il y a eut du grabuge là-dedans !



L'évènement doit être récent, un jeune lézard et 3 ouvrières mortes. Les fourmis commencent à arriver en masse pour engloutir ce festin tombé du ciel. Une ou deux ouvrières ventilent (ventilation défensive) sur le plancher en verre et essaient de mordre les fourmis trop téméraires. Serait-il possible que nos paisibles polistes soient responsables de ce carnage ? Peuvent-elles vraiment achever un lézard ? Tout porte à le croire ! Je vois souvent des lézards prendre le soleil sur le toit de la rampe à polistes. Celui-ci est certainement rentré dans la case n°8 sans retrouver assez vite la sortie ce qui n'a pas du ravir les occupantes. Le nid est intact mais ces 3 cadavres d'ouvrières ne sont pas là par hasard... Obligé d'intervenir pour éviter que ces redoutables Crematogaster scutellaris trouvent le chemin jusqu'au couvain.







Un coup de ménage, je peux m'approcher à moins de 10cm du nid sans risques. Là c'est mieux !



Je profite de l'occasion pour faire quelques photos, le pilier est bien renforcé et englobe l'épingle à linge initiale :



Coté nid n°5 on se la coule douce et on machouille des boulettes de protéines, 36°C à 19h tout va bien  

Et voila un signe de déclin, déjà... Au nid n'°5 un individu extirpe une larve de sa cellule et commence à la dépecer. Très vite d'autres imagos se joignent à elles (jeunes fondatrices ?) et en moins de 2 minutes la larve est consommée. Une partie est redistribuée aux autres larves. Ce comportement est courant chez les polistes en fin de saison :

Contre toute attente, un rebondissement...
Une petite inspection rapide montre un rassemblement d'individus dans la case n°5, même par 25°C extérieurs et une rampe exposée au soleil, elles restent très peu mobiles. Ce comportement ressemble à celui de jeunes fondatrices qui chez les polistes européens se rassemblent en petits groupes pour passer l'hiver. Vont-elles rester dans la rampe pour la diapause ? J'ajoute un morceau de chiffon dans l'emplacement pour qu'elles puissent s'y cacher si elles décident d'y rester... affaire à suivre !

Salut Olivier,
Et bien je trouve cette idée... absolument géniale ! J'avoue que je n'ai aucune idée de ce que ça représente comme matériel (taille, coût, fonctionnement sur batterie ?, infrarouge ou non ?, comment se passe la retransmission des données ?) Bref beaucoup de questions mais j'imagine très bien l'énorme quantité d'informations comportementales qu'il serait possible de rassembler. Imaginez, tout le monde peut voir "en live" l'activité d'un guêpier et faire des captures d'écran à partir de chez lui; lorsque l'observateur tombe sur une scène intéressante clic et on partage les photos pour en discuter. Il suffit également de changer d'espèce chaque année : une année sur la rampe à polistes, une année en nichoir à frelons...
Je pense qu'il faut vraiment creuser cette idée et en évaluer la faisabilité !
 
Vraiment super cette proposition, peut-être pas pour tout de suite (à voir) mais je garde en tête !

Je pense que je vais essayé de mettre une webcam dans un nichoir l'année prochaine pour commencer. J'enregistrerai les données en branchant un PC de temps en temps puis les mettrai en ligne sur le site ou le forum G&F. Puis petit à petit je vais me renseigné pour passer vers du live  

Visite à la rampe aujourd'hui, température extérieure 7°C. Les fondatrices sont là, inactives mais bien restées sur place; 1 pour l'emplacement n°8 et 5 dans l'emplacement n°5. Elles ne sont pas encore complètement inactives car à l'ouverture de l'emplacement, 2 d'entre elles se sont déplacées au ralenti mais sans hésitations.