Des nichoirs dommageables à leurs occupantes !

Comme promis il y a déjà plusieurs mois, je reviens sur le sujet des nichoirs à Guêpes et Abeilles solitaires caulicoles :

Un des modèles de nichoirs à insectes les plus faciles à fabriquer (que même les enfants peuvent réaliser) sans qu'il soit besoin de beaucoup d'outillage sont les abris constituées de tiges creuses ou à moelle (dont j'ai déjà parlé dans ce sujet. Les espèces occupant ce genre d'abri sont qualifiées respectivement de caulicole et rubicole (de Rubus, la Ronce) et se recrutent notamment chez les Hyménoptères, Guêpes et surtout Abeilles. Chacune a des préférences en termes de diamètre de la tige et utilise des matériaux particuliers pour cloisonner les différentes cellules.

Lorsque le nichoir est bien réalisé et disposé au bon endroit, il est souvent très rapidement occupé. Dés le début du printemps, l'Osmie cornue Osmia cornuta puis plus tard l'Osmie rousse Osmia bicornis (=O. rufa), Abeilles maçonnes de la famille des Megachilidae, cloisonnent des cellules avec de la terre et la cavité se retrouve rapidement obturée. De très nombreuses autres espèces peuvent également occuper ce genre de nichoir : des Osmies (Osmia truncorum, O. leaiana ...) des Megachiles (Megachile ericetorum, M. rotundata).
Bien sûr, certaines guêpes prédatrices occupent aussi ces tiges, notamment des Eumeninés comme l'Ancistrocerus nigricornis, Odynerus mutinensis, Microdynerus nugdunensis, Euodynerus quadrifasciatus... Sans oublier la très jolie Isodontia mexicana, impossible à confondre avec sa manie de faire la fenaison pour boucher son nid. La liste est loin d'être achevée et vos observations seront les bienvenues !

On pourrait les qualifier d' "occupants primaires" des nids et il existe aussi nombre d' "occupants secondaires" aux moeurs parasites ou cleptoparasites. Si aucune Abeille-coucou d'Osmia cornuta ou Osmia bicornis n'est connue, certaines Stelis (Abeilles proches des Anthidies) sont par exemple cleptoparasites des nids d'autres Osmies.
Par ailleurs, des guêpes de la famille des Sapygidés comme Sapyga clavicornis Guêpe-parasite d'Osmia florisomnis ou S. quinquepunctata, parasite de diverses espèces d'Osmies, font partie des "occupants secondaires" que l'on peut avoir la surprise d'observer, sortant des nids de l'année précédente à la place de l'espèce-hôte.

Pour que tout ce petit monde se porte le mieux possible et contrairement à de multiples recommandations trouvées dans la littérature et sur le ouèbe, une règle importante est à respecter pour ne pas transformer les nichoirs en pourrissoirs :

PROSCRIRE L'UTILISATION DE TUBES EN PLASTIQUE ET EN VERRE !

En effet, ce type de tube a l'avantage de permettre l'observation du couvain grâce à la transparence du matériau. Par contre, étant complètement imperméables à l'air et à l'eau, il entraîne un risque de pourrissement du couvain.
Si vous voulez pouvoir observer les couvains et l'intérieur des tubes, d'autre modèles de nichoirs d'observation existent et ils leurs sont de loin préférables. Vous pouvez par exemple vous reporter au bas de cette page (en allemand, mais les photos sont assez explicites). Un autre modèle intéressant consiste à creuser plusieurs rainures parallèles sur le dessus d'un bloc de bois, puis à le recouvrir d'une plaque translucide (verre, plexiglas...). Ainsi, plus de la moitié de la paroi du tube sera respirante et cela évitera de tuer vos invités.

Bonjour Marilyn,

J'en ai aussi 300....mais c'est le nombre de trous (au maximum) dans mes nichoirs et mes observations ne seront probablement pas aussi diversifiées que les tiennes (une partie de mon message précédent n'est pas issu de mes observations mais de la littérature).
Je vais raconter quand même un peu les quelques bricolages et observations que j'ai pu faire et je posterai ici quelques photos à l'occasion.

J'ai installé au printemps de l'année dernière deux tronçons de bûches (charme et hêtre) ainsi qu'une planche de sapin, tous percés, respectivement : sur la façade SSE d'une maison en pierre, à hauteur des yeux ; dans la fourche d'un cerisier du jardin (environ 2m) et enfin sur l'appui d'une fenêtre au premier étage, sur la même façade de la maison.
Les nichoirs ont été laissés en place au cours de l'hiver. Divers occupants ont déjà aménagé ou parasité leurs cellules l'année passée et dans le cerisier les cavités de la bûche servent aussi d'abri lorsque la météo est moins propice au vol (probablement des Abeilles masquées [genre Hylaeus] et des Guêpes)..

Les seules que j'ai observées construisant leur nid dans les nichoirs sont des Abeilles maçonnes : l'Osmie rousse et l'Osmie cornue. J'ai loupé de peu une Abeille tapissière ; quand je suis arrivé, les morceaux de feuilles formant le bouchon du nid étaient encore tout frais.

Je n'ai pas encore vu l'Isodontia mexicana, mais les trous avec le plus gros diamètre ne font pas plus de 8mm chez moi. Peut-être n'est-ce pas suffisant pour lui...

Les nichoirs sont posés dans un village situé sur un plateau calcaire boisé à 300 m d'altitude.  C'est à mi-chemin entre Paris et Strasbourg, dans le Sud-Est meusien, près de Bure   (STOP!) si tu en as déjà entendu parler.
Le suivi de tes nichoirs risque d'être particulièrement intéressant. Je suis curieux de savoir si l'acacia et le chêne ont un attrait semblable pour les habitants des nichoirs et pour la tenue dans le temps des matériaux.